Coucou le Printemps,

C'est moi, tu te rappelles ? On s'est rencontrés l'année dernière alors que je tentais d'empêcher mon fils de cueillir toutes les jonquilles du jardin pour sa maitresse. J'avais les cheveux plus courts et je portais une robe Cambie. Toi, tu soufflais de l'air presque chaud et tu sentais le bourgeon qui s'ouvre.

Tu m'as dit que tu reviendrai, tu m'avais même donné la date. Je t'ai attendu patiemment, assise sur le radiateur de ma cuisine en tricotant des bonnets à pompons. Une semaine avant, j'ai rangé mes pulls dans une boite ikea. Le jour venu, j'ai ouvert la cave et tiré le banc dehors, je me suis assise dans ma plus belle robe à visage découvert.

Je m'étais cousu cette robe exprès pour toi, avec un jersey tiré du fond de mon stock. Je ne sais même plus d'où il sort, je l'ai acheté sûrement pendant ce long hiver dont j'ai perdu le fil.

C'est ma troisième Aldaïa, mon patron préféré. Une valeur sûre, vite cousue, il fallait être prête !

Le jour venu, à l'heure dite, j'ai ouvert la cave et tiré le banc dehors, je me suis assise dans ma robe de saison, il y avait des oiseaux dessus et même des fleurs ! Même des fleurs...L'heure a tourné, et puis soudain, depuis le banc, une infinie tristesse a recouvert ma ville. La vie a semblé s'arrêter, les gorges se sont serrées et il ne fût plus possible de croire.

On se caillait les miches.

Tu n'es pas venu. Tu vois, ça me fait un peu de peine de penser à toi.Je crois que tu es un sale menteur. Tu es comme un mari qui part chercher des clopes et ne revient jamais. Tu n'as pas de parole, pas de courage. Tu ne mérites pas mes oiseaux et mes fleurs. Je te déteste en fait, je passe à autre chose.

Coucou l'été, j'ai bien noté la date de ton arrivée sur le calendrier avec un point d'interrogation. Ne m'en veux pas si je te semble méfiante, j'ai eu mon lot de promesses non tenues cette année. Rendez-vous le 21 juin. J'y serai, et toi ?